Iris
Di Philippe Walter, Iris, Faire corps, 38, 2017, p. 126
L’auteur Eleazar Moiseevic Meletinskij (1918-2005) est connu à travers le monde occidental pour ses études en littérature comparée, en mythologie et en folklore. Doublement victime de la répression stalinienne (politique en 1942, puis antisémite en 1949), il ne fut libéré de prison qu’en 1954. Les travaux de ce grand philologue et historien de la culture (qui fut l’un des disciples de Vladimir Propp décédé en 1970) sont mal connus en France. La notice bibliographique que lui consacre la BnF ne mentionne sous son nom qu’une seule contribution en français (son étude jointe à la traduction française de la Morphologie du conte de Propp intitulée « L’étude structurale et typologique du conte »), mais il faudrait y rajouter quelques articles parus en français dans la revue Diogène. C’est dire si la présente traduction (en italien) que lui consacre l’université de Macerata, par les bons soins de Massimo Bonafin, mérite de retenir notre attention. Elle livre le bilan des réflexions d’un poéticien doublé d’un anthropologue très ouvert et original. Signalons quatre autres de ses ouvrages traduits en italien : La struttura della fiaba (1977), Il mito (1993), Introduzione alla poetica storica dell’epos e del romanzo (1993), Poetica storica della novella (2014). On notera également une importante traduction anglaise : The Poetics of Myth (2000) où le mythe est analysé comme la vraie préhistoire de la « littérature ».
Une notice introductive due à M. Bonafin cerne la notion d’archétype littéraire telle que l’entend E. M. Meletinskij (p. vii-xxv). Les archétypes sont définis, par le chercheur russe, comme les éléments les plus anciens du discours narratif. Contrairement au concept psychanalytique d’archétype formulé par Carl Jung et rattaché à la sphère de l’inconscient collectif, E. M. Meletinskij replace l’archétype dans la sphère sociale et culturelle. L’essai de E. M. Meletinskij est divisé en deux parties. Dans la première (p. 1-90), adoptant une perspective anthropologique et littéraire, l’auteur accorde une grande attention à des scénarios rituels comme l’initiation, le meurtre sacrificiel en vue du renouvellement générationnel, le mariage et les fêtes saisonnières liées à l’éveil de la nature. L’auteur y décrit quelques personnages folkloriques et mythologiques (l’ancêtre démiurge, le héros fondateur de culture, le trickster) qui sont aux origines de l’archétype du héros ou de l’anti-héros. Il analyse les motifs récurrents des récits de création, de lutte du cosmos contre le chaos, du combat contre le dragon, des tâches impossibles, de la naissance miraculeuse, du mariage du héros avec la princesse (ou de l’héroïne avec le prince), de l’agonie et de la résurrection du dieu et du héros. Dans la deuxième partie du livre (p. 91-188), l’essayiste traite de la plus importante transformation des archétypes qu’on puisse étudier, selon lui, dans l’histoire littéraire. Il se fonde, pour cela, sur les classiques russes entre les xixe et xxe siècles (Pouchkine, Gogol, Dostoïevski, Tolstoï). Un ouvrage rare dans lequel les spécialistes de l’imaginaire trouveront une intéressante typologie des figures du récit mythique et une modélisation de leur transformation sous la pression de l’histoire culturelle.
http://ellug.univ-grenoble-alpes.fr/fr/publications/revues/iris/iris-n-38-2017-faire-corps-220613.kjsp?RH=ELLUGFR_PUBLI02R9;
Riferito a
Archetipi letterari
Meletinskij Eleazar Moiseevič, Bonafin Massimo (ed. it. a cura di)
Anno: 2016
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